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Trail du Ventoux

  • Photo du rédacteur: MaxLB
    MaxLB
  • 25 avr. 2019
  • 7 min de lecture


Il est temps de lancer cette nouvelle année de trail. 2019 pour confirmer, 2019 pour continuer, 2019 pour encore plus de plaisir. J'ai choisi de commencer avec du lourd, du très lourd. Il y a des sommets qui sont clairement des mythes en France, et lui il en fait partie ! Le Mont Ventoux est très connu des cyclistes, du haut de ses 1912m d'altitude, il domine la région Provence.


Je me lance donc à l'assaut du géant de Provence, 17éme édition, et première manche des Golden Trail National Series 2019. C'est une sorte de championnat, qui existe pour célébrer et faire croître le Trail Running. La série se distingue dans le monde du sport moderne en respectant des valeurs uniques, comme la parité, l'équité, la transparence et l'honnêteté. Les courses ont été choisies pour mettre en évidence les courses les plus emblématiques d'aujourd'hui. Non non ça ne met pas la pression ! Cette réputation, cette notoriété, nous propose un plateau de coureurs élites toujours très relevé. Cette année ne dérogeait pas à la règle et de nombreuses pointures étaient là comme Marc Laustein déjà double tenant du titre, Nicolas Martin membre de l'équipe de France tout comme Ludovic Pommeret et j'en passe tout aussi impressionnant.


Cette course arrive tôt dans la saison l'occasion pour moi de conclure un premier bloc d'entrainement, mais aussi faire un premier test grandeur nature sur ma condition physique. Les sentiers du Ventoux proposent un terrain varié, à forte connotation de montagne, une véritable immersion dans une nature sauvage.

Sur le papier c'est une course qui me ressemble, qui doit me convenir, avec une longue montée de plus de vingt kilomètres et une descente tout aussi longue. J'aime ce genre de profil , qui ressemble beaucoup à la 6000D.


45Km
2300m de D+

J'arrive dans le Vaucluse, terre d’accueil pour mon début de saison, le Vendredi soir, Avignon sera mon point de chute. Je profite de la journée du samedi pour visiter cette superbe ville remplie d'histoire. Les conditions sont parfaites, il fait plus de 20°c des 12h. Pour éviter la cohue au retrait des dossards je me dirige vers Bédouin, qui sera la ville référence pour ce trail, en début d'après midi au centre culturel. Puis je rejoins Carcassonne pour passer la nuit d'avant course.




Dimanche 17 Mars – 5h30


Je retrouve mes habitudes de préparation, un moment toujours aussi particulier ou se mêle excitation et angoisse. Voilà tout est prêt je peux faire les 20min en voiture qui me sépare de la ville de départ. Un moment qui me permet de me concentrer sur ma course, sur la stratégie que je veux aborder. Oui je vous l'avoue tout de suite je n'ai pas préparé ma course, pas d'étude approfondi du profil, pas prévu les temps de passages ni même le rythme a donner en fonction du parcours.


Dimanche 17 Mars – 7H50


En place sur la place du village ou sera donné le départ, le temps pour moi de bien me placer, de croiser les regards concentrés des coureurs. Le temps est magnifique, pas chaud 4 petits degrés mais les conditions annoncées sont parfaites pour la saison, une chance ! Les 1270 trailers prennent place derrière l'arche de départ. Le briefing peut commencer. Comme à son habitude, c'est Serge Jaulin directeur de course et figure emblématique de l'épreuve qui prend la parole pour donner les dernières consignes. Ce qui restera un des moments forts de cette 17ème édition, un magnifique hommage pour Juliette Bénédicto qui nous a quittés quelques semaines plus tôt, elle l'ancienne gagnante de l'épreuve. Un discourt de Serge rempli d'émotions, qui sera couronné d'une minute d'applaudissement, frissons garantis.

Dimanche 17 Mars – 8H





Il est temps de lâcher les fauves, d'aller défier le « Mont chauve ». Placé dans les 200 premiers le départ est ultra rapide, je me fais clairement surprendre par le rythme donné, une allure autour des 4:30 au kilomètre. Nous sommes sur une route large et légère descente ce qui permet d'étirer le peloton, avant de nous retrouver sur un sentier qui nous mène à une ancienne carrière de sable.

Il faut traverser ce décor aux allures de désert avec ses dunes qui remplissent nos chaussures et nous réchauffent tout de suite le corps. Une première partie atypique qui nous emmène sur les crêtes techniques de la Madelaine. Le temps pour moi de me découvrir car déjà la chaleur me gagne. La vue de cet endroit est juste magnifique. Le chemin est petit, impossible de doubler, la monté n'est pas très raide ça court beaucoup, je me laisse donc entrainer par le rythme sans répit.

Puis arrive le premier ravitaillement, je prends quelques minutes pour remplir mes gourdes, je test une nouvelle poudre en course. Je galère à vider mon sachet dedans, j'en mets un quart à coté, sur mon sac qui devient tout blanc, tout collant, pffffff c'est la merde ! Je perds presque 10 min sur le premier ravito sans vraiment me restaurer comme il faut.


Je repars direction le sommet il me reste environ 4 km de montée quand les premières portions de neige apparaissent. Nous étions prévenus, l'hiver résiste sur les hauteurs en face nord. L'organisation nous a conseillé de s'équiper de Yaktrax (sorte de chaine à fixer sous les chaussures). Le verglas se présente devant moi, j'enfile tout de suite mes « pneus » neige pour ne prendre aucun risque, pas de blessure, pas de chute je veux rester tranquille. La pente est toujours assez roulante, je continue de courir. Les paysages sont toujours magnifiques dans ce manteau blanc, plus aucune végétation et sous le soleil. Le choix des Yaktrax était vraiment bien, je ne glisse pas je ne perds donc pas trop d'énergie, cette portion passe vraiment tranquillement, à coté de certains concurrents qui sont dans la difficulté.




Dimanche 17 Mars – 11H30










J'atteins le sommet en 3H30, cette première partie était vraiment tranquille même si le rythme était quand même élevé, normal vu le profil. Ça ne monte jamais vraiment fort, une longue montée ou seule la technicité du sol peut nous ralentir. Au sommet les conditions sont parfaites, très peu de vent, un grand soleil une vue complètement dégagée à 360° et je peux enfin passer à 1909m d'altitude, pour me lancer dans la deuxième partie.










Je pense avoir géré cette montée sans forcer, je voulais garder des forces car j'avais entendu dire que « La course commence en haut ».

Je me lance donc dans cette descente avec plus de rythme, le terrain est ultra technique, de la caillasse instable, les chevilles souffrent. Je descends très rapidement, trop rapidement peut-être, allure au conteur, 4:40 au kilomètre. Le premier point d'eau est là, avec beaucoup de monde. Je prends 5 bonnes minutes pour faire le plein d'eau avec encore des difficultés à remplir ma boisson de l'effort en poudre, grrrrr.


A cet endroit la chaleur commence à vraiment se faire sentir, le ciel est d'un bleu azur et le soleil nous tape dessus à 12H. Je reprends les singles dans la forêt, je prends vraiment beaucoup de plaisir, j'ai des bonnes jambes, seule la chaleur me fait mal. Je garde toujours un très gros rythme, étonnant pour moi qui ai tendance à souffrir dans les descentes. Je me rapproche du Km 30, quand soudain sans le voir venir, j'arrive très vite, la pente s'élève d'un seul coup devant moi, avec un pourcentage très élevé.

Tout le monde est surpris ! Je me laisse entrainer par mon élan, mais mes jambes ne vont pas suivre. Je suis stoppé sur place par une crampe au quadriceps droit, cloué au sol plus possible de bouger, la douleur est intense. Je me range sur le petit chemin pour laisser passer tous ceux que j'ai doublé dans la descente. J'arrive a repartir doucement en gérant, mais plus que la douleur, j'ai pris un gros coup au moral.


Je me rends compte qu'il me reste une quinzaine de kilomètres avec une crampe à gérer. Commence donc ce que je vais appeler « la gestion de conflit avec mon corps ». Vous savez cet état ou ton corps te dit « Stop j'ai mal » et ta tête répond qu'il faut continuer.


Tu sens une véritable tension entre les deux, une gestion vraiment pas banale, enfin si pour tous les traileurs.

Le reste de la descente est une véritable torture, le profil est « casse pattes », on descend de 500m pour remonter de 100m comme ça sur une dizaine de Kms. J'arrive tant bien que mal au deuxième et dernier ravitaillement, les températures sont vraiment fortes autour des 30°c soit plus de 20°c d'écart avec le départ. J'ai mal à la tête, je vis mal les premières chaleurs. J'essaye de m'alimenter correctement, j'ai envie de rien une soupe au ravito et je repars dans le dur. La fin du parcours est toujours aussi exigeante, technique et cassante. J'ai pas pris le profil je ne sais donc pas ou j'en suis et surtout ce qu’il me reste. J'ai pas étudié le profil, c'est une grosse erreur.

C'est toujours relance sur relance, dans la chaleur écrasante. Je ne suis clairement plus dans ma course, une seule idée en tête rallier l'arrivée avec cette déception sur le dos. Je sors des sentiers forestiers, après le dernier point d'eau, pour prendre une longue route, trop longue d'ailleurs, j'ai retrouvé un semblant de motivation après avoir discuté avec un coureur qui a su inconsciemment trouver les mots

« Penses à la fierté que tu vas donner à ton fils, quand tu vas lui montrer ce que tu as fait »....aller on rentre !

Comme d'habitude les derniers Km sont longs, ils sont plats, on traverse une parcelle de vignes, passe dans le tunnel sous la route. 1Km de l'arrivée, une dernière petite bosse, que j’appellerai « cerise sur le gâteau » puis c'est la dernière ligne droite.


Dimanche 17 Mars – 15H


Elle est là devant moi cette ligne que j'attends depuis si longtemps ! Une dernière accélération pour abréger mes souffrances et je termine en 7H00. Mon sentiment à cet instant c'est une très grande frustration de ne pas avoir été à la hauteur de l'évènement. J'ai cette impression d'avoir raté quelque chose, de ne pas avoir accompli le travail.


Mon Bilan



C'est après quelques jours de réflexion que je peux écrire ces quelques mots. Besoin de digérer et de ne pas réagir sous la frustration.


Pour faire simple ,je n’ai pas bien géré ma course, pas étudié le parcours, mauvaise gestion alimentaire, mauvaise gestion climatique et Une préparation physique trop juste.

Mais évoluer dans un décor époustouflant, réserve mondiale de la Biosphère de l'UNESCO, était un privilège. Cette nature sauvage est un décor parfait pour vivre des moments forts et uniques. Des paysages qui sont toujours plus beaux quand on fait l'effort d'aller les chercher. Je n'en reviens pas forcément meilleur, mais certainement transformé et c'est en se confrontant à ses difficultés que j'apprends à connaître ma propre nature, cette montagne a révélé mes faiblesse, mes valeurs et elle m'a montré le respect qu'on lui doit. Le genre de rêve que je vis et qui me donne encore plus l'envie de me battre pour protéger mon terrain de jeux. L'organisation était juste parfaite, des bénévoles d'une gentillesse hors normes, cette course est vraiment au top !



 
 
 

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